B-02-64

Batô-Kannon (sk. Hayagrîva, Âryâvalokiteśvara), "Kannon à la Tête de cheval" 馬頭観世音
Izumi-san Entsû(zen)-ji, Gotenba (dép. de Shizuoka) 円通(禅)寺 (曹洞宗) 静岡県 駿東郡 御殿場 新柴 小山町
Ecole Sôtô-zen
(à droite, milieu) "Culte principal le 18e jour du 4e mois" (en haut, du sommet du mont Fuji) Onikage Batô-Kanzeon (à la base du trône de lotus) kôchû shugo ["protection pour la confrérie"] (à gauche, au milieu) Suntô Arashiba Entsû-zenji ["Entsû-zenji d'Arashiba, en Suruga Oriental"] 大祭四月十八日 鬼鹿毛 馬頭観世音       講中守譕 駿東新柴 円通禅寺
Les origines privées de ce temple expliquent que son icône se distancie considérablement des représentations canoniques de Batô-Kannon. Ces dernières comprennent de très nombreuses variantes, qui se différencient par le nombre de leurs têtes et de leurs bras, mais elles ont cependant en commun de le représenter sous une forme « furieuse », la seule de ce type parmi les Sept Kannon, et cette particularité vaut à ce bodhisattva d'appartenir aussi à un groupe de Huit grands rois de Science (Hachi dai-myôô). Dans le mandala du Monde de la Matrice, il est placé au coin sud-ouest du Quartier de Kannon, avec trois faces et deux mains; tandis que le Butsuzô zui le présente avec trois faces et huit mains, qui est aussi la forme de la seule représentation de Batô-Kannon dans le pèlerinage des Provinces de l'Ouest, au Matsuo-dera. Le point commun entre les formes canoniques de Batô-Kannon et celle de l'Entsû-ji est la tête de cheval sur son crâne. Certains l'identifient à Baraka (sk. Balâha), un cheval volant qui sauvait les naufragés et qui serait le buddha Shakamuni dans l'une de ses vies antérieures. Pour le reste, l'icône de l'Entsû-ji est simple : son visage louchant et peu amène renvoie à l'aspect furieux de la forme canonique, et ses deux mains enserrées dans un chapelet sont jointes devant la poitrine. L'image est surplombée par le mont Fuji, sur lequel se détache l'inscription « Onikage Batô-Kanzeon » avec un sceau rouge. Le célèbre volcan se trouve en effet immédiatement à l'ouest du temple et il donne une dimension supplémentaire à cette image en établissant quelque lien avec le culte ancestral des montagnes, très présent au Japon. En avant se trouvent un cheval pommelé et un buffle. Ce dernier - qui constitue parfois la monture de Batô-Kannon dans les sources canoniques - rappelle que l'Entsû-ji n'est pas que le protecteur des chevaux et de leurs amateurs mais aussi du bétail en général. Le socle de la statue porte l'inscription « Protecteur de la Confrérie ». Celle-ci organise la grande fête du temple le 18 avril comme l'indique l'inscription de droite, tandis que celle de gauche rappelle sa localisation. La statue originelle n'est exposée à la vue des fidèles que tous les soixante ans.
Divinité protectrice des chevaux, ou plus généralement du bétail. Conformément à la fonction spécifique de Batô-Kannon, l'ofuda protégeait la destinée animale et les agriculteurs venaient, en conséquence, y prier pour leurs bestiaux, comme le montre ici la présence du boeuf et du cheval. Dans le monde d'aujourd'hui, où la vie agricole a beaucoup perdu de son importance, une heureuse compensation a été trouvée pour le temple dans le développement des courses de chevaux : le sanctuaire est rempli de photographies de pur-sang, de jockeys et de gens du monde du turf." (Frank manuscr. p. 6) "Ce temple délivre, en guise d'amulettes,de petites gravures représentant la déesse, que les propriétaires de bétail collent sur la porte de leurs étables. Lorsqu'un cheval est malade, ils mandent l'abbé du temple qui vient accomplir une cérémonie à domicile. Si le cheval guérit, son propriétaire le mène au temple et y fait des offrandes pour rendre grâces à la divinité, et souvent il érige près de sa ferme une pierre de Batô-Kannon. Si le cheval meurt, on invite l'abbé à exécuter des rites devant une de ces pierres..." (Hôbô girin fasc. 1, p. 60)" 馬 頭観音特有の役目通り、この観音は馬と牛等家畜、動物の宿命を保譕していたもので、したがって農家の人々が家畜の�� 譕を祈りにきたところで、お札には牛と馬が描き込まれている。家畜がいなくなった現在では、その代わりに競馬関係の人々がお参りするようで、お寺には純血 種の競馬や騎手の写真がたくさん飾られている。
Batô-Kannon est figuré avec une seule face, et deux mains (tenant un chapelet) dont le sceau n'est pas conforme aux prescriptions de la secte Shingon (Hôbô girin 1, 60)
Cette image constitue un exemple charmant de l'adaptation par un culte local d'une divinité classique du rituel ésotérique, processus qui s'explique par les origines de ce temple. Celui-ci aurait été fondé au XVe siècle par Oguri Hôgan (ou Hangan) Sukeshige (1398-1464) à la mémoire de son fidèle destrier Onikage (« Bai du Démon »), figure épique passée dans le théâtre traditionnel. Comme Vénéré principal, Sukeshige utilisa tout naturellement une statue de Kannon à la Tête de cheval, qu'il tenait de sa mère. D'abord affilié à la secte Shingon, le temple fut connu sous le nom d'Onikage-dera, avant de passer à la secte Sôtô du Zen et d'être renommé Entsû-ji. 小栗判官(1398-1464)が愛馬「鬼鹿毛」の菩提のために建立した寺という。
Cet ofuda provient du grand sinologue Paul Demiéville (1894-1979). Celui-ci fut le premier à utiliser des ofuda pour illustrer des sujets d'iconographie bouddhique, notamment dans l'article « BATÔKANNON » du Hôbôgirin, l'encyclopédie francophone du bouddhisme, dont il fut l'un des directeurs.
Hôbô girin, fasc. 1, pp. 58-61 avec ill. de ce ofuda (n°28). Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991 p.7-10; ill.3. Frank Bernard, Nihon bukkyô mandara 日本仏教曼荼羅 (Mandala bouddhique japonais), Tôkyô, Fujiwara shoten, 2002, p.310-311. Tajima Ryûjun 田島隆純, "Les deux grands mandaas et la doctrine de l'ésotérisme Shingon", Tôkyô, Maison Franco-Japonaise, 1959 (réimpr. Tôkyô, Gokoku-ji, 1984), p.88-89, 293-295. CHANDRA, V, 1361 『法宝義林』第一啻、59-60頁。当札は図28(故編集者ポール・ドミエヴィル先生自身のものとされている。 Frank 1991, 7-10頁、図3 Frank 2002, 310-311,図版2
『法宝義林』第一啻、59-60頁。当札は図28(故編集者ポール・ドミエヴィル先生自身のものとされている。 Frank 1991, 7-10頁、図3 Frank 2002, 310-311,図版2
124 mm
349 mm
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