F-05-02
En-no-gyôja (En-no-Ozunu)
役行者
Shôgo-in, Kyôto
聖護院(天台宗;本山修験宗) 京都市左京区聖護院中町
Ecole Honzan-Shugen. Maison-mère de la branche Honzan du Shugendô.
De droite à gauche : Shôgo-in
聖護院
Ici, En-no-Ozunu est représenté tel que la tradition le décrit : assis sur un rocher dans une grotte, coiffé d'une capuche qui se confond avec le manteau de pluie recouvrant ses épaules, et les pieds nus chaussés de hautes socques en métal. Il porte dans la main gauche un rouleau de sûtra et tient dans la droite un bâton de pèlerin surmonté d'anneaux. Les deux démons que l'on voit à sa gauche et à sa droite, respectivement appelés Zenki (« Démon de devant ») pour celui chargé de couper le bois comme le montre la hache qu'il porte à deux mains, et Goki (« Démon de derrière») pour celui qui tient l'aiguière utilisée pour aller puiser l'eau et avec un coffre portatif sur le dos, sont au service de l'anachorète qui les contrôle grâce à ses pouvoirs.
Sans objet
Sans objet
Le Shôgo-in duquel provient cette image constitue de nos jours la maison-mère de la branche Honzan du shugendô, originairement liée à la secte Tendai et dont l'origine remonte au moine Zôyo (1032-1116) qui en a hérité en récompense du rôle de guide qu'il a joué pour l'empereur retiré Shirakawa (1053-1129) lors de son pèlerinage à Kumano. Le nom du temple est une abréviation de shôtai goji, littéralement « protection du corps sacré », en référence à cet épisode.
En-no-Ozunu, plus communément appelé En-no-gyôja ("En le Pratiquant"), est un anachorète à qui l'on prête de nombreux pouvoirs magiques et qui vécu, semble-t-il, à la fin du VIIe et au début du VIIIe siècle. Parmi les nombreux récits qui fondèrent le mythe de celui que l'on nomme également En-no-ubasoku (En le Laïc, du sanskrit upāsaka), les plus anciens sont la biographie figurant dans la « Suite des Chroniques du Japon » (Shoku Nihongi) en l'an 699 et le récit d'anecdotes bouddhiques « Chroniques des récits miraculeux du Japon » (Nihon ryôi-ki) du début du IXe siècle. On l'y présente comme un ermite originaire de la province de Katsuragi demeurant dans une grotte et astreignant son corps à une discipline rigoureuse pour « nourrir le principe vital ». On précise également qu'il vénère les Trois Trésors du bouddhisme et pratique la formule magique de la
« Grande Paonne ». Exilé à Izu à la suite d'un complot ourdi contre lui, la légende raconte qu'il y demeurait la journée tandis qu'une fois la nuit arrivée il parcourait les cieux pour aller sur la cime du mont Fuji. Lorsqu'une partie des pratiquants de ces mêmes exercices ascétiques dans les montagnes de la région du centre (Kumano, Kinpusen, Ômine notamment) se constitua en un groupe structuré appelé shugendô à partir de l'époque de Kamakura, ils choisirent ce personnage mêlant ainsi des éléments bouddhiques et d'autres issus de la tradition taoïste chinoise comme leur patriarche et lui vouèrent un culte en tant qu'ancêtre des yamabushi. C'est à partir de cette époque que l'on commença à le représenter en statue ou en peinture, la plus ancienne statue datée étant une oeuvre de Keishun remontant à 1286, tandis que la plus ancienne représentation picturale connue est une peinture sur soie datant de 1331 et conservée au Rinnô-ji à Nikkô.
Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991 p.317 / Miyake Hitoshi 宮家準, 『修験道辞典』("Dictionnaire du shugendô"), Tôkyô, Tôkyôdô, 1986 / Ôsaka shiritsu bijutsukan 大阪市立美術館, 『役行者と修験道の世界―山岳修行の秘宝』("En-no-gyôja et le monde du shugendô : les trésors cachés des ascètes des montagnes"), Tôkyô, Mainichi shinbun, 1999 / Ôsaka shiritsu bijutsukan 大阪市立美術館, 『特別伝:祈りの道―吉野・熊野・高野の名宝』("Exposition spéciale : Chemins de prière : les trésors de Yoshino, Kumano et Kôya"), Tôkyô, Mainichi shinbun, 2004
絵はがき
Papier
122
mm
235
mm