E-11-11
Memyô-bosatsu : le bodhisattva "hénissement" (Aśvaghoṣa)
馬鳴菩薩
Kôya-san Fudô-in, mont Kôya (dép. de Wakayama)
高野山不動院 和歌山県高野町
Ecole Shingon
Verticalement, à droite : yôsan anzen shugo honzon (divinité principale protectrice de la sériciculture) / Cartouche en bas, de droite à gauche : Kôya-san Fudô-in / Stance en haut à gauche : Memyô-bosatsu s'incarne dans le cosmos, et se transforme en un ver à soie qui recrache des fils. Il arpente le monde, accompagné de musique et de lumière, accepte les offrandes et apporte un bonheur sans limite.
養蚕安全守護本尊 馬鳴菩薩 分形大千 化禽蠺 口吐糸綿 啡千世界普音在光 供養感應 福祖無邉 院動不山野高
Cet ofuda, distribué par une chapelle du mont Kôya dédiée au roi de Science Fudô, représente une figure relativement rare du panthéon syncrétique : le bodhisattva Memyô . Ce nom renvoie à un célèbre moine indien ayant vécu à la fin du Ier siècle de notre ère, Aśvaghoṣa. Néanmoins, la correspondance s'arrête là : ce Memyô-bosatsu japonais est en effet le saint protecteur de la sériciculture, comme l'indiquent l'inscription à droite et les stances à gauche. Monté sur un cheval, en référence à la signification de son nom, « hennissement », il est représenté comme un bodhisattva à six bras, tenant dans ses mains divers symboles liés à la sériciculture : vers à soie et fuseau (en haut), cocons et balance (au milieu), et enfin une branche de mûrier.
Divinité protectrice de la sériciculture
養蚕守護神
Sans objet
L'association entre le cheval et une figure de bodhisattva n'est pas sans rappeler cette forme particulière de Kannon, dite « à la Tête de Cheval », protecteur des animaux de ferme. Mais c'est surtout une célèbre légende rapportée dans divers textes chinois qui vient immédiatement à l'esprit ici. Cette histoire met en scène une jeune fille dont un cheval s'éprend. Le père, courroucé par cette situation, tue le cheval et l'écorche. Mais la peau de l'équidé finit par s'enrouler autour de la jeune fille et l'emporte au loin, avant de se transformer en ver à soie. Cette légende, qui s'est très tôt propagée au Japon, explique en partie les liens que peuvent avoir les chevaux et la divinité de la sériciculture, y compris en dehors de tout contexte bouddhique. Il en va ainsi de la divinité Oshira-sama, vénérée dans le nord du pays, et qui passe pour être aussi protectrice des chevaux. Cette association évoque enfin le mythe d'Amaterasu, qui s'enferme dans la « caverne céleste » après que son frère, le turbulent Susano.o, a interrompu une séance de tissage en lançant un cheval écorché sur le toit du bâtiment où se trouvait sa sœur. Memyô-bosatsu pourrait donc être également une forme bouddhique d'Amaterasu en tant que déesse de la sériciculture . Cette divinité constitue ainsi un exemple typique de récupération par le bouddhisme des préoccupations des croyants, donnant un référent plus ou moins indien à une déité fonctionnelle et contextuelle.
Sans objet
馬上の観音に準じた女神(馬娘婚姻譚に基く)馬娘婦ヵ(畏合仏教大辞典)
Shimizu Ryôshô 清水亮昇, 「蚕神馬鳴菩薩並びにその起源について」 "Kaikogami Memyô-bosatsu narabini sono kigen ni tsuite" ("A propos de Memyô-bosatsu, divinité de la sériciculture, et de son origine"), in 『密教論争』 Mikkyô ronsô ("Collection d'articles sur l'ésotérisme") n°11, Taishô daigaku, p.73-86 / Dolce Lucia, "Duality and the kami: the ritual Iconography and Visual Constructions of Medieval Shintô", in Cahiers d'Extrême-Asie n°16, EFEO, p.119-150
Papier
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