E-07-03

Atago-gongen (Shôgun-Jizô) : l'"Apparition circonstancielle du mont Atago sous la forme du "Jizô de l'Armée Victorieuse" 愛宕権現
Atago-san Jôfuku-in Ryûsen-ji, Matsusaka (dép. de Mie) 竜泉寺 三重県松阪市愛宕町
Ecole Shingon, branche Kôya-san
A droite en rouge, verticalement : kabô kitô (bénédiction pour la prévention des incendies) / En bas, de droite à gauche : Ise no kuni Matsusaka Atago-san (Mont Atago à Matsusaka, dans la province d'Ise) 火防祈祷 伊勢国松阪愛宕山
Jizô, en armure et à cheval, tient la canne à anneaux avec un drapeau dans sa main gauche, et une « épée précieuse » dans sa main droite. Le cheval se dresse sur un roc qui doit représenter le mont Atago. En haut à droite, l'inscription en vermillon demande la « protection contre le feu » tandis que le cartouche en bas décline l'identité du temple : « Atago-san, à Matsusaka, de la Province d'Ise ». 将軍地蔵
Prévention des incendies 火防
Jizô est représenté revêtu d'une armure.
Situé au Nord-Ouest, le mont Atago domine de ses 924 mètres d'altitude la ville de Kyôto. Comme le mont Hiei qui se dresse du côté opposé, au nord-est, l'Atago est un important lieu de culte. A son pied il y avait, à l'époque ancienne, un cimetière et un temple aujourd'hui connu comme le Nenbutsu-ji d'Adashino. Les moines avaient l'habitude d'allumer sur la montagne un feu rituel pour apaiser les âmes des morts, ce qui amena la population à vénérer la divinité du lieu comme gardien du feu domestique et protecteur contre l'incendie. Dans les années Taihô (701-704), l'empereur Monmu donna à deux illustres religieux, Taichô (6827-767?) et En no Gyôja, l'ancêtre spirituel des ascètes de montagne, l'ordre de débarrasser ces lieux des créatures démoniaques qui les hantaient. Ensemble ils réussirent, grâce à leurs pouvoirs magiques, à subjuguer ces tengu et à en faire leurs serviteurs. Ces deux pratiquants de ce qui s'appelle la « Voie d'acquérir des forces magiques par des pratiques ascétiques », shugendô, introduisirent dans le culte du mont Atago certains éléments bouddhiques. Le dieu de la montagne fut notamment transformé en une divinité syncrétique, en « apparition circonstancielle » (gongen) d'une déité bouddhique. Atago-gongen, sous les dehors du tengu Tarôbô vénéré sur cette montagne comme un dieu du feu, fut considéré comme une émanation, une « trace descendue sur cette terre» (suijaku) de Jizô, son « état originel» (honji). Patron du monde des morts et du feu des enfers, ce bodhisattva convenait particulièrement bien à ce rôle. En ce temps le général Sakanoue no Tamuramaro (758-811), parti avec ses troupes pour soumettre les tribus barbares dans le nord du Japon, avait reçu dans le rêve l'assurance que son expédition serait couronnée de succès grâce aux secours qu'allaient lui porter Shôgun-Jizô, « Jizô de l'Armée Victorieuse », et Shôteki no Bishamon, « Bishamon qui vainc l'ennemi ». Et Tamuramaro remporta effectivement la victoire. Quelle que soit l'origine de cette légende, l'image de Jizô en armure sous la forme d'un cavalier triomphant est attestée dès l'époque de Kamakura. « Jizô de l'Armée Victorieuse » devint en tout cas le Vénéré principal du Hakuun-ji, le temple du mont Atago qui jouissait d'une grande réputation parmi les guerriers. En 781, l'empereur Kônin ordonna à deux autres personnages illustres de l'époque, Wake no Kiyomaro et le moine Keishun, d'installer un temple sur chacun des « Cinq pics du mont » Atago (Atago gobô) sur le modèle du mont « aux Cinq terrasses», Wutaishan de Chine. L'Atago devint non seulement un centre prospère du shugendô, mais de nombreux temples et sanctuaires furent consacrés partout dans le pays à Atago-gongen, la divinité du Hakuun-ji. Suite à la « séparation du shintô et du bouddhisme » décrétée en 1868, le temple et son Vénéré principal furent supprimés et remplacés par un sanctuaire shintô, l'Atago-jinja. L'« apparition circonstancielle de l'Atago » a cependant survécu dans certains autres temples. C'est le cas du Ryûsen-ji, situé dans la distante ville de Matsusaka, d'où provient cet ofuda. Ce temple aurait été fondé sur ordre de l'empereur Shômu par Gyôki (668-749), et le Vénéré principal, Shôgun-Jizô, sculpté par Kôbô-daishi.
Aujourd'hui, c'est un sanctuaire, l'Atago-jinja, qui occupe le sommet du mont Atago où est aussi vénéré le dieu de la foudre Kagutsuchi.
Bouchy Anne-Marie, 「愛宕山の山岳信仰」("Le culte du mont Atago"), in GORAI Shigeru éd. 『近畿霊山と修験道』 ("Les montagnes sacrées et le shugendô dans la région du Kinki"), Tôkyô, Meicho shuppan, 1988, p.102-139 / Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991 p.286-287
Papier
133 mm
257 mm
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