E-06-04
Zaô-gongen : l'"Apparition circonstancielle du roi d'essence adamantine"
蔵王権現
Ômine-san Tônan.in, Yoshino (dép. de Nara)
東南院 奈良県吉野
"Vraie secte Shugen", branche Kinpusen
En bas, de droite à gauche : Yoshino-san Tônan.in
吉野山東南院
Reprenant les codes iconographiques des Cinq Grands rois de science (Godai-myôô), Zaô-gongen est généralement représenté sous des traits courroucés et dans une attitude dynamique dégageant énormément de puissance : son visage comporte trois yeux, ses cheveux sont hérissés sur sa tête ornée d'une petite tiare à trois pointes, il tient dans la main droite un vajra à trois pointes tandis que sa main gauche, posée sur sa hanche, forme le « sceau du sabre ». La vigueur de la pose avec un pied appuyé sur un piédestal en forme de rocher et l'autre en l'air est soulignée par la mandorle enflammée que l'on voit derrière lui. On peut cependant s'étonner de constater que l'aspect courroucé habituellement exprimé par des yeux exhorbités menaçants et la bouche grande ouverte fait place, ici, à une expression presque sereine, tandis que les traits du visage semblent rappeler l'inspiration indienne de la divinité.
Sans objet
Contrairement à l'iconographie classique, Zaô-gongen est représenté sur cet ofuda avec un visage apaisé.
Kongô Zaô-gongen, l'"Apparition circonstancielle du roi d'essence adamantine" comme le traduit Bernard Frank, est la divinité emblématique du shugendô originaire du mont Kinpu (dép. de Nara). On estime que son culte remonte à peu près à la fin du Xe siècle et s'est surtout intensifié par la suite en lien avec la croyance en un âge du déclin de la Loi bouddhique qui aurait commencé en l'an 1052 et en prévision duquel les fidèles allaient enterrer des sûtra en guise d'offrande dans les montagnes de la région de Yoshino. C'est d'ailleurs dans ce contexte que la légende replace l'avènement de la divinité qui serait apparue à En-no-gyôja alors qu'il priait pour appeler de ses voeux un buddha capable de guider les êtres humains dans ce monde en proie à tous les maux à l'approche de l'« âge de la fin de la Loi ». Lui sont apparus alors, dans l'ordre, Śākyamuni, puis le bodhisattva Kannon aux Mille Mains, et en dernier Miroku. Mais comme aucun ne convenait aux circonstances, c'est finalement l'apparition circonstancielle Zaô qui, ultime avatar cumulant les mérites des buddha et bodhisattva précédents, s'est manifestée en dernière instance afin de convertir les êtres retors.
Le temple Tônan-in est, de nos jours, la maison-mère de la branche Kinpusen du shugendô. Le Vénéré Principal est une triade avec au centre En-no-gyôja érigé au rang de « Grand bodhisattva d'Apparition divine » (Jinben-daibosatsu), à droite le roi de Science Fudô et, à gauche, Zaô-gongen.
Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991 p.284-285, 317 / Miyake Hitoshi 宮家準, 『修験道辞典』("Dictionnaire du shugendô"), Tôkyô, Tôkyôdô, 1986 / Ôsaka shiritsu bijutsukan 大阪市立美術館, 『役行者と修験道の世界―山岳修行の秘宝』("En-no-gyôja et le monde du shugendô : les trésors cachés des ascètes des montagnes"), Tôkyô, Mainichi shinbun, 1999 / Ôsaka shiritsu bijutsukan 大阪市立美術館, 『特別伝:祈りの道―吉野・熊野・高野の名宝』("Exposition spéciale : Chemins de prière : les trésors de Yoshino, Kumano et Kôya"), Tôkyô, Mainichi shinbun, 2004
Papier
163
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245
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