D-06-34

Daikoku-ten, du type "tricéphale" (Sanmen-Daikoku) 大黒天
Kôdai-ji Entoku-in, Kyôto 円徳院 京都市東山
Ecole Rinzai Zen
En bas, de droite à gauche : Higashi-yama Entoku-in
Ce Daikoku-ten, d'un type relativement rare, concentre à lui seul toute l'histoire de l'acculturation syncrétique que cette divinité a connue au Japon. En effet, le dieu de la Fortune se présente ici sous une forme mêlant à la fois des éléments issus de l'iconographie bouddhique première, de celle caractéristique de l'ésotérisme, et enfin du type « classique », c'est-à-dire le plus localisé. L'apparence générale de ce Vénéré prend clairement pour substrat le type « au sac » développé, avec le maillet et les balles de riz. Le sac démesuré et l'habit richement décoré insistent bien sur sa capacité à satisfaire les désirs. Mais passée cette première observation, les spécificités sautent aux yeux. On remarque ainsi deux têtes supplémentaires de part et d'autre du visage de Daikoku. Il s'agit en fait de Benzai-ten (à droite) et de Bishamon-ten (à gauche), ses deux compagnons au sein du groupe des Sept divinités de la Fortune (E-05-05), avec qui il entretient des liens étroits, précédant même la formation dudit groupe. Il s'agit en fait d'une figuration de la fusion des trois divinités, déjà évoquée précédemment (D-06-17), qui trouve son origine dans divers textes et rituels du bouddhisme ésotérique. Enfin, une feuille de lotus à l'envers, élément rémanent des premières formes japonaises de ce génie, se trouve intercalée entre les pieds et les balles de riz. La tricéphalie presque incongrue de ce Daikoku japonisé nous rappelle ses racines indiennes, tout en exprimant la complexité de l'histoire de ses métamorphoses.
Fortune et richesse
Représentation tricéphale de Daikoku
La statue d'origine passe pour avoir été l'objet de culte favori du célèbre Toyotomi Hideyoshi (1536-1598), grand unificateur qui contribua à faire sortir le Japon de la période médiévale. Notons enfin que le temple qui l'abrite, construit à la demande de sa première épouse, Nene, était dès l'origine un temple zen (il passa de la branche Sôtô à la branche Rinzai en 1624), preuve s'il en est besoin du caractère syncrétique des croyances relevant du bouddhisme populaire.
Sans objet
Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991 p.210 / Iyanaga Nobumi 『大黒天変相―仏教神話学 1』 ("Les avatars de Daikoku-ten - Mythologie du bouddhisme 1"), Kyôto, Hôzôkan, 2002
Papier
140 mm
260 mm
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