C-03-53

Le roi de Science Fudô en Kurikara (Kurikara Fudô) 倶利迦羅不動
Rinkô-in du Mitoku-san, Sanbutsu-ji, Misasa (dép. de Tottori) 三徳山 三仏寺 輪光院 鳥取県東伯郡三朝町
Ecole Tendai
Verticalement, de droite à gauche : Mitoku-san / Rinkô-in
Représentation de Fudô sous la forme de son glaive, autour duquel se love un « nâga », divinité de nature aquatique. En Inde, c'est un serpent, mais les textes chinois le traduisent par « dragon ». Les nâgas sont bien connus comme protecteurs du bouddhisme, à l'instar des « Huit grands rois Nâgas » du Sûtra du Lotus (D-07-02). Celui représenté ici est le roi-nâga Kurikara (sk. Kulika râja). Il figure dans un groupe de quarante-huit messagers de Fudô, qui sont tous identifiés à des transformations de l'une ou l'autre des divinités du panthéon bouddhique. Kurikara est le premier de cette liste, qui le présente comme la transformation de Fudô lui-même « qui avale son glaive ». Fudô aurait produit cette transformation alors qu'il affrontait des adversaires du bouddhisme dans le paradis du dieu « Grand Souverain » (Maheśvara) : il commença par produire un glaive brûlant du feu de la Sapience, mais ses opposants firent de même, et c'est alors que son propre glaive se transforma en Kurikara pour les vaincre. Cet ofuda montre Kurikara sous une forme qui tient plus du serpent que du dragon, puisqu'il n'a pas de pattes ; en outre, on ne le voit pas introduire le glaive dans sa gueule, comme il apparaît dans d'autres représentations. Les commentaires identifient ces deux symboles au glaive de Fudô et à son lasso, tout en avançant diverses interprétations. Notamment, Kurikara représenterait le monde des êtres dévorés par les passions, tandis que le glaive de la Sapience signifierait le monde du Buddha : l'intromission de celui-ci dans celui-là réalise la non-dualité des êtres et du Buddha. La rigidité métallique du glaive unie à la souplesse ophidienne de Kurikara n'est pas sans dimension sexuelle, alors même que celle-ci est généralement absente du tantrisme sino-japonais, à l'exception notable du couple d'éléphants enlaçés du dieu Daishô Kangi-ten (D-09-01). C'est ainsi que le Butsuzô zui déclare à propos de Kurikara Fudô : « Le glaive et le lasso font la paire homme-femme, recueillement (samâdhi) et sagesse (prajñâ) ». Cette union des contraires se retrouve sur cet ofuda dans les deux grands caractères chinois qui encadrent la représentation du glaive au serpent. Ils se lisent « Grand cœur » (dai-shin), expression désignant la pensée de l'Eveil (bodhicitta). Or, le caractère pour « Grand » est dessiné en forme de feu, tandis que celui pour « cœur » l'est en forme d'eau. De surcroît, le caractère « Grand » est encadré par le soleil et la lune, le tout surmonté de la lettre-germe de Fudô en écriture siddham rouge. Ces éléments renvoient à des principes bien connus du daoïsme, qui passa au Japon dans la « Voie du Ying et du Yang » (onmyô-dô) et, enfin, dans le bouddhisme ésotérique des ascètes des montagnes, le shugendô.
Sans objet
Sans objet
Le Sanbutsu-ji, dont le Rinkô-in est une dépendance, fait précisément remonter ses origines à En-no-gyôja, le fondateur du shugendô (F-05-02). Celui-ci aurait établi en 706 un ermitage au sommet du mont Mitoku, qui culmine à près de 900 mètres d'altitude. En 849, Jikaku-daishi Ennin - le 3e patriarche du Tendai - fonda un temple au pied de la montagne, pour y installer une triade des trois buddha Shakamuni, Amida et Dainichi, qui lui a donné son nom de « Temple des Trois buddha ». Il est le siège de la tradition « Mitoku-san » du shugendô dans le Tendai.
Sans objet
Chandra, VI, 1751-1752 / Frank Bernard, "Le panthéon bouddhique au Japon - Collections d'Emile Guimet", Paris, Réunion des musées nationaux, 1991, p. 153 パンフレット
Papier
134 mm
394 mm
© Ofuda - 2019 - Mentions Légales 認可
Theming Studio Web