C-03-47

Le roi de Science Fudô aux Cent Mille (Jûman Fudô) 不動明王
Jippô-zan Dôshu-in de l'E.nichi-san Tôfuku-ji, dit Tôfuki-ji Godai-dô, Kyôto 明王院 五大堂 神奈川県鎌倉市
Ecole Rinzai, branche Tôfuku-ji
Verticalement et de droite à gauche : yaku-yoke Fudô myôô onchô yasaka / kokuhô Dengyô-daishi no saku Godaidô (Le roi de Science Fudô qui écarte le malheur, d'une taille de huit pieds / [Statue du] Godaidô, Trésor national sculpté par Dengyô-daishi) / Sur le socle de la statue, de droite à gauche : Godai-dô 厄除不動明王 御長八尺 国宝 伝教大師之作 五大堂
Image d'une statue de Fudô datant de l'époque de Heian, dont la hauteur de 2,65 m la fait passer pour la plus grande du Japon. Elle faisait partie d'une pentacle des Cinq rois de Science qui fut détruite dans un incendie, la statue de Fudô étant la seule à échapper aux flammes. Depuis, elle est considérée comme une protection particulièrement efficace contre le feu, ce qui explique la couleur rouge de l'impression. Fudô est représenté assis, de manière traditionnelle. Mais la particularité de cette image est l'inscription « Godai-dô » (« Chapelle des Cinq Grands ») sur le rocher. Le nom de cette chapelle indique que les rois de Science de cette pentacle étaient plus particulièrement identifiés avec les « Cinq bodhisattva aux Grands Pouvoirs » (Godairiki bosatsu), qui sont mentionnés dans le « Sûtra des souverains civils » (Ninnô-kyô), où ils commandent à une troupe de cinq milles divinités protectrices. Les différentes versions de ce texte et leurs commentaires établissent des équivalences par lesquelles Fudô correspond, notamment, au bodhisattva Muryôrikiku (Amitabalanâda) ou Kongôharamitsu (Vajrapâramitâ). Avec le Sûtra du Lotus (Hoke-kyô) et le « Sûtra de la splendeur dorée » (Konkômyô-kyô), le Ninnô-kyô est l'un des plus importants des sûtra assurant la protection de la Nation et il se trouve à la base de différentes cérémonies propitiatoires, tels « l'Assemblée du Ninnô-kyô » (Ninnô-e) ou le très secret« Rituel du Ninnô-kyô » (Ninnô-kyô-hô).
Protection contre les incendies
La statue est surnommée « Fudô aux Cent Mille », expression rendant un caractère chinois unique qui apparaît dans le sceau rouge au sommet de l'ofuda, sur une « gemme exauçant les désirs », elle-même entourée de flammes et portée par un lotus. Ce caractère est une combinaison originale de deux caractères superposés et peut recevoir plusieurs interprétations. Tout d'abord, il peut se lire « dix fois dix mille » (jûman 十万), allusion au fait que Fudô serait toujours accompagné d'une escorte de cent mille assistants. Mais ce caractère pourrait aussi correspondre à « Dix directions » (jippô 十方), qui est le nom de montagne de ce temple et qui évoquerait l'ubiquité de Fudô. Enfin, il peut se décomposer en « pouvoir de la terre » (doriki 土力), auquel cas Fudô serait identifié à une divinité titulaire du lieu. Cette dernière fonction revenant généralement à un esprit (kami) du panthéon shintô, on aurait ici un exemple du syncrétisme shintô-bouddhique, selon le principe que les kamis sont considérés comme les « traces laissées » par les divinités bouddhiques, elles même étant identifiées au « terrain originel » de ces kami. Chaque année, le 2 février, le Dôshu-in distribue des talismans sous la forme de petits papiers carrés portant inscrit ce caractère double. Autre exemple d'adaptation, ce temple abrite la tombe bouddhique de Oyuki (1881-1963), une « geisha » de Gion qui épousa le millionnaire Américain Georges D. Morgan : devenue veuve et solitaire, elle finit par se faire baptiser, et ses cendres furent partagées avec le cimetière catholique de Kyôto.
A l'origine, cette statue appartenait au Daihi-san Hosshô-ji 大悲山法性寺, le grand temple de famille des Fujiwara à Kyôto. En 1006, le régent Fujiwara no Michinaga y fonda une Chapelle des Cinq Grands pour la pentacle des Cinq rois de Science dont cette statue faisait partie, et cette dernière aurait été sculptée par Kôshô, le père du fameux sculpteur Jôchô (?-1057). Car si l'inscription sur la gauche de l'ofùda affirme qu'elle fut « réalisée par Dengyô-daishi », il ne faut y voir qu'une évocation de l'affiliation première du Hosshô-ji, lequel appartenait originellement à la secte Tendai fondée par Dengyô-daishi, bien qu'il soit maintenant affilié à la branche Seizan-Zenrinji de la secte Jôdo. Cette inscription désigne aussi la statue comme un « Trésor national », alors qu'elle n'est plus classée aujourd'hui que Bien culturel important. Le Hosshô-ji fut réduit à la portion congrue lorsque le régent Kujô Michiie fonda dans son périmètre le grand temple Zen du Tôfuku-ji, qui fut achevé en 1255. Deux siècles plus tard, en 1444, le moine Bunkei Gensaku et son maître Kinkô Reikon y fondèrent le Dôshu-in avec un Godai-dô comme chapelle principale et ils y déménagèrent la statue de Fudô. Ce temple compte comme la 21e étape du pèlerinage des Trente-six Fudô dans le Kinki.
Sans objet
Chandra I, 9-72 ; V. 1157-1158 ; VI, 1640-1647 / De Visser Marinus Willem, Ancient Buddhism in Japan : Sûtras and Ceremonies in Use in the Seventh and Eighth Centuries A.D., and their History in Later Times, 2 vol. (Buddhica, 1ere série, tome III), Paris, Librairie Orientaliste Paul Geuthner/Leiden, F.J. Brill, 1928-1935, p. 142-155 / Frank, 1990b, p.179 / Orzech Charles D.,Politics and Transcendent Wisdom - The Scripture for Humane Kings in the Creation of Chinese Buddhism, University Park, Penn State University Press, 1998 パンフレット
Papier
120 mm
317 mm
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